• Nous arrivons à Lima avec quelques appréhensions. En effet, beaucoup de gens que nous avons croisé nous parle d'une ville « moche », au climat « désagréable » et surtout très « dangereuse ». Termes justifiés ou non, nous ne le savons pas encore.

    Lima, la schizophrèneLima, la schizophrène

    Nous arrivons donc un dimanche après une nuit (de plus) dans un bus. Nous décidons de partir à pied du terminal, les taxis ne sont pas recommandés et nous ne savons pas quel bus va jusqu'au centre. Après une petite demi-heure, nous arrivons Plaza de Armas et là nous sommes un peu perdus. Tous les touristes que nous croisons nous disent que le centre « c'est craignos » et qu'il vaut mieux loger à Miraflores, un autre quartier, plus sure, mais à 8 kms de là. Que faire ? Finalement, en partant voir un hôtel non loin de la place, Ju croise un couple de français qui lui indique un endroit « très bien », « sécurisé » avec wifi et douche chaude, s'il vous plait... Nous n'hésitons plus et nous présentons au numéro 145 de la rue Carabaya, en face du Palacio del Gobierno.

     

    Lima, la schizophrène

    Plus tard, nous partons à la découverte de ce monstre, la capitale du Pérou. Nous commençons par les alentours de la place et bien sûr la rue piétonne. Remplie de commerces et de fast-food, nous avons l'impression de retrouver la rue de Béthune (la rue commerçante de Lille). Sauf que nous sommes dimanche et que tout est ouvert. Beaucoup de monde dans les rues, ça court, ça crie et surtout... ça CONSOMME!

    Lima, la schizophrène

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Au milieu de ce chahut, nous découvrons une petite église dans laquelle des gens pressés, sac de course à la main, effectuent une prière, ou deux pour tel ou tel saint. Il y a beaucoup de bruits et de mouvements à l'intérieur, difficile de méditer dans une telle ambiance.

    Lima, la schizophrène

    En s'éloignant un peu de cette rue (J.R. Union) où tout va vite, trop vite, nous tombons sur une procession au milieu de la folle circulation: des hommes portent un énorme char sur lequel on a disposé Jésus sur sa croix. Derrière, quelques musiciens entament une musique qui n'a rien de joyeux.

    Lima, la schizophrène

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Lima, la schizophrène

    Plus loin encore, sur une place (Plaza San Martin) aussi grande que la Plaza de Armas, un groupe de jeunes se retrouve pour vénérer leur grande déesse : Lady Gaga. Une fois cela fait, ils se changent rapidement pour retourner chez eux. L'unique travesti, lui, reste habillé comme à son habitude. Sur la même place, un peu plus loin, un autre groupe type danseur indien cette fois se trémousse au son des différents instruments de musique et tambours qui l'accompagnent. L'un des leurs prends la parole et prône un retour à l'essentiel, en oubliant tout le reste: la consommation, la course au diplôme, la recherche d'un travail et d'une maison. Il en appelle à Dieu, Jésus, ou à Allah et ponctue son discours en disant « Ave Krishna », démonstration plus qu'efficace sur la possibilité de vivre ensemble malgré des religions différentes.

    Lima, la schizophrène

     

     

     

     

    Le lendemain, nous décidons de partir visiter Miraflores, ce quartier « bien plus sécurisé que le centre ». Sur le trajet, certaines maisons coloniales ont laissé la place à d'énormes buildings tandis que d'autres se battent pour rester en vie avec ténacité. Sur les buildings, des publicités pour des cliniques privées revendiquant de bas prix pour se faire vérifier le taux d'hémoglobine, le fer... Eh oui, ici la santé n'est pas gratuite et le commerce vaut aussi pour ce domaine là ! Ceci permet à ces établissements de proposer également de se faire blanchir la peau, refaire le nez, les fesses ou les seins...

     

     

     



    Lima, la schizophrèneNous retrouvons dans ce quartier tous les touristes que nous trouvions très peu nombreux dans le centre. Et pour cause, la sécurité est là et bien là : des vigiles ont été postés partout, devant les hôtels, les restaurants, les pubs... Tout à coup, nous nous arrêtons devant une grande maison particulière de type coloniale, devant laquelle repose un énorme jardin avec... des fleurs ! Au milieu de celui-ci, une petite mamie les arrose amoureusement comme si rien d'autre au monde n'existait, comme si le temps venait de s’arrêter au milieu de cette Lima bruyante. On bouche nos oreilles, on oublie les immeubles voisins, et on a l'impression de revenir plusieurs années en arrière quand la ville n'en était encore qu'à son commencement.

    Lima, la schizophrèneLima, la schizophrène

    Plus tard, nous retrouvons Ana Lucia, une amie de Thierry (qui a fait le volontariat avec nous à Torres Del Paine). Elle est notre « guide » et nous sauve de toute cette folie en nous emmenant à Barranco, un quartier bourgeois mais qui a miraculeusement échappé à la construction intensive de buildings. 

    Un petit village au milieu de la ville où l'on privilégie les galeries d'arts et les petits artisans, où l'on affiche des œuvres d'illustrateur-trices, critiques de notre monde.

    Cliquez ici pour voir les oeuvres

    Lima, la schizophrène

    Lima, la schizophrène

    Pas de doute, nous sommes bien dans une capitale, ces pieuvres géantes qui déploient peu à peu leurs tentacules et englobent tout ceux qui y vivent.

    Lima, la schizophrène

    Et ce n'est pas fini : Lima continue de construire, de s'étendre, construit un métro, des immeubles à 5 ou 6 étages là où il n'en faudrait que 4 (en cas de tremblement de terre).

    Lima, la schizophrène

    Dans cette énorme ville, les personnes âgées ont du mal à se trouver une place, comme nous explique Emilia, la grand-mère d'Alex, un péruvien rencontré à Buenos Aires. Agée de 88 ans, elle n'ose plus trop sortir de chez elle car ce qu'elle voit à la télévision lui fait peur. 

    Lima, la schizophrène

    Son fils, qui vit avec elle, explique qu'elle pose des cadenas partout sur les portes, ce qui la défendrait d'une éventuelle attaque mais pas d'un tremblement de terre...

     

     

     

     

     

     

     

    Lima, la schizophrène

    Lima, la schizophrène

     

     

     

     

     

     

     

     

    Lima, la schizophrène 

    En bref, Lima nous a laissé une impression de contraste extraordinaire, entre religion et consommation, entre modernité et protection du patrimoine, entre quartier riche et quartier pauvre, entre lente procession et folle circulation... 

    Comme toutes les capitales du monde, on se demande parfois jusqu'où tout cela va conduire, jusqu'où ça va nous mener...

     

    Huaraz : Entre les deux cordillères

    Où va t-on?

    Et pour terminer, un petit tour de la Plaza Mayor de nuit... Pas de commentaire, ça se laisse admirer ainsi!

    Lima, la schizophrène

     

    Lima, la schizophrène

     

    Lima, la schizophrène

     

    Lima, la schizophrène

     

    Lima, la schizophrène

     


    votre commentaire
  • Nous avons croisé, à Lima, dans le quartier de Barranco cette exposition en plein air.

    L'idée de ce salon international est de faire concourir des illustrateur-trices du monde entier sur une thématique. Cette année "Basta de contaminaciòn", pas besoin de vous traduire !!! Et comme la pollution n'a pas de frontière, les artistes de notre pauvre terre n'ont pas eu de mal à s'exprimer...

    Pour retrouver l'ensemble des œuvres cliquez ici, ou télécharger le pdf  en cliquant ici.

    Salon International de Humor Grafico

    Reza Jozani (Iran)

    Salon International de Humor Grafico

     

    Salon International de Humor Grafico

    Jovan Prokopljevic (Serbia)

    Salon International de Humor Grafico

    Adrian Palmas (Argentina)

    Salon International de Humor Grafico

     

    Salon International de Humor Grafico

     

    Salon International de Humor Grafico

     


    3 commentaires
  • A Lima, nous nous étions renseignés pour faire éventuellement du volontariat à la fin du mois de Septembre. Par faute de temps et de moyens nécessaires, ceci ne fût pas réalisable. Malgré tout, nous nous étions mis en contact avec une association: Taller de los niños ou Atelier des enfants. Intéressés par leur travail, nous avons demandé la permission à la directrice de pouvoir aller visiter ce centre pendant une journée. Sympathique et chaleureuse, Christiane a immédiatement accepté et a tout organisé pour que notre découverte se passe au mieux. 

    Association Taller de los Niños

    Taller de los niños a déjà une longue histoire derrière elle. Agée de 35 ans, cette association est localisée dans l'un des quartier les plus en difficulté de Lima: San Juan de Lurigancho.

    Association Taller de los Niños

    A l'arrivée, nous sommes accueillis par Maria Garcia, notre guide pour la journée. Patiemment, elle nous détaillera toutes les facettes de l'atelier et répondra à nos questions. 

    --------------------

    Relation parents-bébé: un apprentissage de longue durée

    Association Taller de los Niños

    Nous commençons notre visite par les bâtiments principaux de l'association. Ici, on accompagne les parents et les tout jeunes enfants.

    Au niveau médical, une partie de l'établissement est réservée à la santé des mamans, une autre à celle des bébés. Là-bas, on surveille s'ils suivent la courbe de normalité au niveau de leur poids et taille et on oriente les parents en cas de problème.

    Association Taller de los Niños

    Dans un autre bureau, on découvre une banque de lait. Ici les mamans donnent un peu de leur lait maternel, destiné aux prématurés de l'hôpital de San Juan.

    Association Taller de los Niños

    Des infirmières s'occupent d'accompagner et de faciliter la relation entre les parents et les enfants. Les papas et les mamans sont ainsi invités à venir une fois par mois au centre pour participer à des ateliers de stimulation avec leur enfant, de 0 à 5 ans. Encadrés par une professionnelle, ils sont informés des apprentissages et des compétences à développer en fonction de leur âge. 

    Association Taller de los Niños

    Les papas ont également leur place et leur temps d'accompagnement, majoritairement le samedi car c'est le jour où ils ne travaillent pas!

    Enfin, une psychologue s'occupent de l'atelier "piel a piel" (peau contre peau), un endroit où l'on apprends à entrer en contact avec l'enfant, à le cajoler, à lui donner son bain, à le masser pour lui faire du bien. En bref, comme nous le dit Maria Garcia, on apprends à avoir une relation détendue avec ce petit étranger qui viend d'arriver à la maison!

    Conjointement à ce centre de santé a été construit un autre bâtiment qui sert d'école pour les petits de 3 à 5 ans. Un problème s'est cependant posé: que faire des enfants plus jeunes, ceux qui ont moins de 3 ans?

    --------------------

    El hogar educativo (maison éducative): un lieu d'accueil pour les tout petits

     Association Taller de los Niños

    Dans le quartier, beaucoup de mamans souhaitent travailler pour apporter une aide financière dans le foyer. Néanmoins, il existe très peu de structure d'accueil pour les tout petits.

    Association Taller de los Niños

    A Taller de los niños, une idée a germé pour répondre à cette problématique: des mamans souhaitant travailler chez elles ont été formées par des psychologues pour accueillir dans une pièce de leur maison un groupe d'enfants, tous âgés de moins de 3 ans.

    Association Taller de los Niños

      Aujourd'hui, il existe 12 "hogar educativo". Dans chacun d'entre eux, les mamans formées accueillent jusqu'à dix jeunes enfants. En arrivant, certains ne sont pas propres ou ne savent pas marcher. 

    Association Taller de los Niños

    La maman d'accueil participe pour beaucoup à ces apprentissages fondamentaux, en collaboration avec les parents.

    Association Taller de los Niños

    Elle est également chargée de stimuler les enfants tout en respectant leur besoin: manger, dormir, se dépenser, apprendre...

    Association Taller de los Niños

    Chaque jour, une psychologue passe dans les 12 foyers éducatifs pour vérifier que tout se passe bien, prévenir les éventuels problèmes ou arriver à la rescousse en cas de bobos.

    Cette bonne initiative est une solution raisonnable et économique pour l'association dans le sens où elle évite des frais de construction d'une nouvelle structure. De plus, elle a permis non seulement aux mamans éducatives mais également à toutes les autres de trouver un travail, d'apporter une rentrée d'argent supplémentaire dans le foyer... Une nouvelle manière de s'épanouir pour plus d'une!

    --------------------

    Profortec: programme de formation technique

    Association Taller de los Niños

    Depuis quelques années, Taller de los niños s'est attaqué à la résolution d'un autre problème: celui de la situation précaire des 18-24 ans à San Juan de Lurigancho. 

    Association Taller de los Niños

    Pour cela, ils ont créé Profortec, un programme qui forme des jeunes n'ayant pas terminé leur formation scolaire, en cosmétique ou couture industrielle. 

    Association Taller de los Niños

    Chaque jour, chaque semaine, chacun(e) d'entre-eux(elles) a une nouvelle compétence à apprendre. Celles-ci sont cochées sur un tableau lorsqu'elles ont acquises.

    Association Taller de los Niños

    La formation est rapide, très suivie, évaluée et débouche immédiatement sur un travail, Profortec étant en relation avec des entreprises à la recherche d'employé(e)s. 

    Association Taller de los Niños

    En cosmétique, on y apprends la coupe de cheveux, le séchage

    Association Taller de los Niños

    la coiffure

    Association Taller de los Niños

    la manucure (ici la jeune fille peint des modèles pour les ongles qu'elle montre ensuite aux clientes).

    Association Taller de los Niños

    En couture industrielle, les étapes sont précises, on y apprends le maniement de la machine à coudre (il faudrait d'ailleurs qu'on y aille faire un petit tour!), la confection de différents types de cols

    Association Taller de los Niños

    et bien d'autres choses que l'on ne saurait vous détailler.

    Association Taller de los Niños

    A la fin de l'apprentissage, chacun repart avec ses modèles qu'il peut garder pour lui, offrir ou revendre à sa guise!

    Association Taller de los Niños

    Quand ils ont terminé leur formation, les jeunes ont immédiatement un emploi. Mais ils ne sont pas lachés dans la nature pour autant...La coordinatrice suit précisément le parcours des personnes sortant de son établissement pendant un an. Dans son bureau, un tableau indique, pour chaque ancien élève, ce qu'il fait actuellement: employé, en recherche d'emploi, problème de santé, ou autre.

    Association Taller de los Niños

     Et si l'un d'entre-eux n'est pas présent à son travail un matin, l'entreprise appelle l'association qui gère cela avec le jeune. La formation permet aussi d'apprendre à devenir responsable et progressivement autonome,... à devenir un adulte quoi! 

    --------------------

    Red Mami pour les grossesses précoces

    Association Taller de los Niños

    Pour terminer notre visite, nous sommes passés par le programme "Red Mami", où travaille Maria Garcia. Celui-ci est destiné aux jeunes adolescentes enceintes, un fait assez fréquent à San Juan. L'objectif est de leur apporter un suivi régulier une fois que le bébé est arrivé.

    Le premier travail, celui de Maria Garcia, est de s'assurer que le petit aura une carte d'identité et une sécurité sociale à la sortie de l'hôpital. Il y a encore quelques années, les jeunes mamans rentraient chez elles sans posséder ces deux documents essentiels. Aujourd'hui, l'équipe de "Red Mami" est là pour vérifier que cela n'arrive plus. Problématique particulièrement compliquée et encore plus lorsque l'adolescente elle-même ne possède pas ces papiers...

    Par la suite, lorsque la jeune maman est revenue à la maison avec le nouveau-né, elle continue d'être appuyée par le programme, qui assure un lien suivi psychologique ou social en fonction des besoins. 

    Association Taller de los Niños

    Il est 14h à San Juan de Lurigancho et nous ressortons de l'"Atelier des enfants". Notre "guide" nous a offert un panorama de ce qui s'y fait et nous sommes particulièrement étonnés de l'aspect hyper organisé de cette association. Il semble que tout y a été pensé dans les moindres détails, et on dirait bien que ça fonctionne! 

    Nous repartons en moto taxi et passons devant la nouvelle rame de métro dont la construction est en cours. En en parlant avec Maria Garcia, celle-ci nous fait part de ses inquiétudes: "Ici, nous gérons quotidiennement des grossesses chez les adolescentes, des problèmes sociaux de grande ampleur et, eux, avec leur rame de métro, ils veulent que tout change plus vite que la musique".


    3 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique